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Diététique Chinoise: les ZHOU

Il y a quelques jours, une amie a assisté à une conférence, elle a trouvé le sujet tellement bien, qu’elle a acheté deux bouquins dont un qu’elle m’a offert.

A la réception j’ai compris son engouement et je n’ai pas trouver mieux que son auteur pour vous présenter les bols chinois « Zhou Dao ». J’ai donc contacté Bruno Soustre en lui demandant de se présenter et de nous dire ce que sont les Zhou.

Merci Bruno, c’est à toi !

 

« ZHOU DAO » (粥道) … une Voie originale, à la charnière entre Diététique et Pharmacopée Traditionnelles Chinoises…

Passionné de longue date par la Médecine Traditionnelle Chinoise, ce n’est qu’après avoir obtenu mon diplôme fédéral d’acupuncteur – alors appelé « DATC » – que l’occasion m’a été donnée de fouler le sol Chinois pour la première fois, lors d’un stage hospitalier de 3 semaines, organisé sous l’égide de l’Académie des Sciences Médicales de Pékin. Loin de se limiter à compléter mon modeste cursus par la délivrance d’un « certificat chinois », cette re-connexion physique avec la Chine – à la source originelle de cette antique Médecine que j’avais étudiée depuis la France – se révéla étrangement, comme un nouveau point de départ m’ouvrant des perspectives inattendues… C’est en effet cette année là que j’ai eu la chance de rencontrer le Maître SUN qui exerçait alors son « Art » au sein du service « Qi Gong thérapeutique » de l’hôpital Xi Yuan. Comment imaginer à ce moment là qu’il accepterait de m’enseigner et qu’il finirait même par m’encourager dans mes futures recherches ? Toujours est-il que lorsque je suis rentré, j’étais déjà résolu à revenir dés que possible à Pékin… J’ai, de fait, enchaîné les séjours et stages en Chine, annuellement et parfois pluri-annuellement au cours de la décennie qui a suivi… C’est à l’occasion d’un de ces périples que j’ai découvert incidemment que l’usage populaire des « Zhou » – ces bouillies de riz ancestrales – en tant que vecteur préventif de santé, ne s’était pas complètement éteint et qu’il y avait encore une piste de recherche dans ce domaine… Pour l’avoir suivie et m’y être investi durant plusieurs années, je suis convaincu de la pertinence de faire connaître aux publics francophones les bienfaits que ces préparations originales – trop souvent méconnues – sont susceptibles de leur apporter aujourd’hui. Ayant à cœur de les rendre accessibles au plus grand nombre, j’ai écrit le « Livre Santé des Bols Chinois », paru aux éditions du Dauphin. Dans le même esprit, j’espère que l’article qui suit vous permettra de partager mon enthousiasme pour « Zhou Dao » – et qui sait ? – vous donnera peut être aussi envie de suivre la « Voie des Zhou »…

Bruno SOUSTRE

 

         « ZHOU DAO » (粥道) … une Voie originale, à la charnière entre Diététique et Pharmacopée Traditionnelles Chinoises…

 Que sont les « Zhou », ces mythiques « bouillies fortifiantes » dont les origines semblent parfois se perdre dans la nuit des temps et qui sont nées aux confins taoïstes de 2 des piliers de la Médecine Chinoise que sont les Diététique et la Pharmacopée Traditionnelles Chinoises ? Quels secrets se cachent derrière ces antiques préparations originales déclinant en d’innombrables variantes l’étonnante alchimie qui s’opére entre l’eau, les céréales et les « essences subtiles » des ingrédients naturels (légumes, fruits, apports carnés, plantes de la Pharmacopée  Chinoise) ? Que peuvent elles nous apporter aujourd’hui ?

Les « Zhou » sont dans leur forme standard des préparations à base de céréales ou de légumineuses cuites en mode confiné dans divers types de liquides (eau, bouillons, décoctions de plantes chinoises…), dont la première originalité réside dans l’important rapport de volumes entre grains et fluides de cuisson. Généralement désignés par les mots assez peu attractifs de « bouillie » ou « gruau », (d’où le choix du mot « bol » dans le titre du livre) les « Zhou », de par leur fluidité particulière, ne s’en démarquent pas moins totalement des soupes, potages, purées ou autres plats à consistance semi-liquide.

Apparues vers 4000 ans avant JC, les premières versions se déclinaient essentiellement à base de riz et de millet, la diversification dans l’utilisation d’autres « graines » (sésame noir, sorgho, orge, avoine, sarrasin, sojas…) s’imposant petit à petit, parallèlement à l’intégration graduelle d’une infinité d’aliments ou de « plantes chinoises », au rythme de l’expansion des savoirs de la Diététique Traditionnelle Chinoise, en lien avec les progrès de l’agriculture des territoires de l’Empire du Milieu.

Appréciant la nourriture en terme d’impact énergétique sur l’organisme, la Tradition Culinaire Chinoise qui attribue à tout aliment une valeur « médicinale », a aussi pour usage d’intégrer des ingrédients de la Pharmacopée Traditionnelle à ses plats. C’est ainsi que depuis leurs origines, les « Zhou », ont pu être utilisés en tant que « potions » nourrissantes et fortifiantes, mais aussi comme préparations de fonds destinées à enrayer des déséquilibres énergétiques chroniques, voire même en guise de traitements, à des fins curatives pour traiter des maladies déclarées.

Faciles à mettre en œuvre, économiques en céréales, très digestes et assimilables par l’organisme, ces étonnantes synergies entre bouillies de riz et essences subtiles des ingrédients naturels qui leur étaient adjoints, sont souvent devenues, à l’usage, d’incontournables supports thérapeutiques dont l’utilisation s’est généralisée, aussi bien auprès des médecins traditionnels, que des guérisseurs de villages ou de quartier exerçant auprès des classes populaires chinoises.

Parfois modifiés et adaptés au vu de l’expérience clinique de cette diversité de praticiens désireux d’en améliorer les effets, les « Zhou », bien qu’étant aujourd’hui sortis du champ de la médecine officielle n’en demeurent pas moins encore attractifs de par leurs propriétés bénéfiques pour fortifier en douceur l’énergie vitale, favoriser l’entretien de la santé et, à terme promouvoir la Longévité. Toujours proposés en Chine – dans des versions basiques – au petit déjeuner ou sur les cartes de quelques restaurants en guise d’entrées chaudes, ils se déclinent aussi parfois comme plats principaux dans certains établissement dédiés, où des variantes à la fois gustatives et énergétiques peuvent être servies à ceux qui souhaitent réconcilier ces deux faux antagonismes que sont joies du palais et effets bénéfiques pour le corps…

Ayant pris leurs sources et acquis leurs lettres de noblesse dans les fondements du Taoïsme, les « Zhou » ont rapidement connu leur apogée, dés lors que les médecins de l’antiquité ont découvert l’étonnante synergie s’opérant lorsqu’ils associaient une simple bouillie de riz chaude avec une décoction de plantes chinoises. De fait, constatant que le « Zhou » se comportait comme un catalyseur optimisant le ciblage, la diffusion et l’assimilation des essences subtiles de la décoction dans l’organisme, et qu’il pouvait aussi en atténuer les effets indésirables, les soignants d’alors en sont tout naturellement venus à développer ce mode de traitement à la fois original et efficace. C’est ainsi que les « Zhou », nés de l’harmonieux mariage entre Diététique et Pharmacopée Traditionnelles, se sont progressivement imposés au fil des siècles en tant qu’outils polyvalents de l’arsenal préventif et thérapeutique des médecins pratiquant l’Art de « Shi Liao », cette discipline consistant à « soigner par la nourriture », que n’aurait sans doute pas renié notre Hippocrate …

D’abord élaborées de manière empirique et « sur mesure », au fil de la grande diversité des retours d’expériences de nombreux prescripteurs de « Zhou » exerçant dans l’Empire du Milieu, ces préparations ont ensuite commencé à être un peu mieux homogénéisées quant à la composition de leurs recettes, sur la base des échanges entre les thérapeutes, eu égard à l’expansion constante de la patientèle…

Bien que des historiens de l’antiquité tels que SIMA Qian 司馬遷, relatent dans leurs chroniques de surprenantes guérisons attribuées à l’administration de « Zhou » spécialement concoctés par de brillants médecins impériaux, ce n’est que beaucoup plus tard, à partir des 6ème et 7ème siècle après Jésus Christ que les écrits des Médecins Chinois évoquant leur pratique de « Zhou » se font moins rares, comme ce fut par exemple le cas pour le Grand Médecin Taoïste SUN Si Miao 孙思邈.

Offrant une infinie diversité de combinaisons d’ingrédients, les « Zhou » étaient à même de répondre à quasiment toute la palette des syndromes repertoriés par la Médecine Traditionnelle Chinoise, qu’il s’agisse de l’ensemble des vides, excès – plénitudes, stagnations, aussi bien au niveau des organes et des entrailles que sur le plan général du Qi, du Yin, du Yang ou des fluides corporels. On comprend mieux que l’universalité de réponses « sur mesure » proposées par ces formes originales d’alicaments à la fois efficaces et facilement assimilables – mais aussi plus accessibles et agréables à consommer que les remèdes de la Pharmacopée – ait permis aux « Zhou » de se positionner à la charnière de l’arsenal préventif ou curatif de nombre de Médecins Chinois exerçant « l’Art de Shi Liao ».

Les secrets d’efficacité de ces sortes de panacées polyvalentes repose en partie sur leur principe « auto-nourrissant » : en effet, aux propriétés vitalisantes des céréales à la base des « Zhou » qui leur confèrent déjà une action résolument positive sur le « couple Rate – Estomac », se combine un mode de cuisson favorisant la libération optimale du fort potentiel énergétique concentré dans les « grains ». De fait, de par leurs consistance, Nature, Saveur et température à laquelle ils sont servis, les « Zhou » constituent le « carburant » par excellence de ce « Centre névralgique » pour la récupération de « l’énergie acquise » issue des aliments : ainsi, évitant d’inutiles dépenses énergétiques pour leur assimilation, les « Zhou » favorisent un cercle vertueux de re-capitalisation de la vitalité. Faciles à digérer, nourrissants et fortifiants, les « Zhou » sont de surcroît de bons vecteurs de distribution et des catalyseurs pour optimiser l’assimilation et la diffusion des ingrédients ajoutés.

A l’heure où se multiplient les études et prises de conscience dans les domaines de convergence de l’alimentation et de la santé, les « Zhou » apparaissent plus que jamais d’actualité pour offrir au-delà de leur sphère géographique d’origine  une Voie originale à toute personne désireuse de renouer avec cet authentique « art de vivre alimentaire », dans l’esprit préventif qui signe les principes de la Médecine Traditionnelle Chinoise.

 

Bruno SOUSTRE

Le bouquin est très bien fait, didactique il est construit de façon à faire les recettes en fonction des saisons. Un vrai livre de diététique chinoise à avoir pour soi ou à offrir !

Vous pouvez vous le procurer en cliquant sur le lien: Le livre santé des BOLS CHINOIS

Bon appétit !

Fatah 🐉

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